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Le jardin urbain laisse une très large place au végétal

En noir et en miroir Ce jardin réalisé par Horticulture & Jardins (Pierre-Alexandre Risser) a reçu le Trophée Daum remis à la meilleure création paysagère. Basé sur des plantes et de l'eau, cet espace concentre deux des tendances fortes du moment. Et il prouve qu'un jardin peut rencontrer le succès en laissant la part belle au végétal.

Les réalisations présentées lors de la dernière édition de Jardins, Jardin aux Tuileries ont traduit de nettes tendances : des espaces luxuriants, plus vivants et avec une fonction utilitaire renforcée.

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Petits ou grands, très formels ou plus libres, signés de grands noms ou imaginés par des paysagistes encore inconnus, les jardins présentés chaque année dans le Jardin des Tuileries en juin à l'occasion de Jardins, Jardin, rendez-vous annuel devenu incontournable, permettent de percevoir les tendances du moment. Des orientations qui peuvent surprendre, agacer, interroger, mais qui ne laissent jamais indifférents. Lors de chaque édition, une dizaine de grands jardins sont réalisés sur une surface de 150 m2.

En 2015, la première réflexion que l'on pouvait se faire est qu'hormis l'un d'entre eux, sponsorisé par un spécialiste du revêtement de pierre, ces créations laissent une très large place au végétal (voir le diaporama « Jardins, Jardin, huit jardins présentés aux Tuileries » sur www.Lienhorticole.fr). Ce constat est rassurant, même si on peut s'interroger sur la représentativité de ces propositions, sachant qu'au sein du marché du jardin, le segment des végétaux est celui qui souffre certainement le plus. De plus en plus petit, le jardin de particulier offre toujours moins de place aux végétaux à grand développement, ce n'est pas nouveau, et la nécessité de dégager de la place en ville pour construire des logements ne devrait pas arranger les choses dans un avenir proche... Mais, pour peu que l'on appréhende bien les attentes des consommateurs, on remarque qu'un cadre agréable reste végétalisé.

Le second élément frappant à la vue des différents jardins est que les plantes méditerranéennes font toujours rêver. Une conception signée de Jean Mus, célèbre paysagiste de la Côte d'Azur mandaté par les organisateurs du salon Paysalia pour désigner tous les deux ans le Maître jardinier de l'année (prochain rendez-vous en décembre, voir notre édition électronique du 30 juillet 2015), faisait la part belle à un olivier de taille impressionnante qui n'a pas manqué de retenir l'attention.

Enfin, les fruits et les légumes demeurent omniprésents. Dans un contexte de « ville heureuse », - le thème de Jardins, Jardin aux Tuileries 2015 -, les salades poussent sur de grandes colonnes verticales, dans des contenants souples, classiquement au sol, mais en rehaussant les carrés de culture pour échapper aux terrains de mauvaise qualité. Outre les végétaux, l'une des composantes que l'on retrouve fréquemment est l'eau. Elle doit refléter, être source de vie, mais aussi faire du bruit... Elle anime le jardin.

Les urbains que nous sommes et qui veulent redonner à leurs espaces de nature une finalité plus large que la seule esthétique ne se limitent pas au désir de produire des légumes. Ils veulent également des oeufs. Les poules et leur habitats ad hoc sont aujourd'hui très présents dans le cadre des manifestations grand public pour le paysage. Outre des poulaillers peints aux motifs les plus divers (Farmili proposait des abris décorés sur place), la véritable innovation cette année était une proposition de poulailler collectif. Le Cocott'arium, imaginé par trois jeunes (www.cocottarium.fr) qui cherchent à s'implanter à Paris, est une grande cage dont le design est inspiré des volières et qui permet d'élever plusieurs poules non pas pour un jardin individuel mais plutôt pour un groupe de personnes. L'idée ne consiste pas qu'à produire des oeufs. Il s'agit de proposer un concept global : les habitants trient et apportent leurs déchets organiques qui seront consommés par les poules. Et ces dernières produisent des oeufs dont la vente s'effectuera en circuit court via internet autour d'un slogan décapant : « Avec du vieux, il fait du n'oeuf » !

Dans la même veine du recyclage, sans produire de nourriture cette fois, mais du compost, Prism Design Studio a présenté un lombricomposteur original. Sorte de grande poterie percée en son fond, elle est partiellement enterrée. Des vers de terre sont installés dans la partie enterrée et vont digérer et transformer en compost les déchets organiques qui pourront être déposés régulièrement dans la partie émergée.

Enfin, pas de manifestation sur les jardins sans initiatives collectives en faveur de l'environnement. Cette année, un groupe venu d'Espagne a été récompensé du prix Cité Verte pour sa distribution de petits érables installés dans des capsules d'argile moulée. Objectif : que la nature conquiert la ville. Un résumé des tendances du jardin à l'heure actuelle !

Pascal Fayolle

Des plantes partout où c'est possible Un groupe de jeunes créateurs, qui se définissent comme des « artisans, paysans et ingénieurs », rassemblés au sein du « Pack », ont imaginé un balcon dans lequel les plantes pourraient prendre place jusque dans les parpaings, grâce au recours à des plantes vernaculaires d'Île-de-France. L'AJJH (Association des journalistes du jardin et de l'horticulture) leur a décerné le Trophée Haviland.

Au pays des sens... et de la démesure ? Cet espace signé Jean Mus conforte l'univers méditerranéen comme composante du jardin idéal des habitants des villes du nord, qui les découvrent et les apprécient pendant leurs vacances estivales. Les expériences d'oliviers achetés dans ce cadre et qui végètent en pot toute l'année ne sont rien comparé à la part de rêve que véhiculent de tels arbres...

Pour que la nature conquière la ville De jeunes Espagnols ont imaginé le projet Bioloop, dont l'objectif est de « rapprocher la nature des citoyens, de faire prendre conscience de la végétation présente dans la ville ». Plus prosaïquement, il s'agissait d'offrir un jeune plant d'érable à tous ceux qui le désiraient, pour le planter dans leur jardin, ou dans tout espace vert proche de chez eux. Cette initiative a reçu le prix Cité Verte décerné par Val'hor.

Jardiniers invisibles Ce vermicomposteur accueille dans sa partie basse des vers de terre chargés de digérer les déchets organiques. Il a été conçu par des designers qui ont reçu le prix de l'Innovation dans la catégorie « objet ». La partie enterrée est percée pour que les vers puissent passer du pot au sol et vice-versa. L'idée peut sembler amusante, mais il n'est pas certain que les animaux veuillent rester dans le pot très longtemps...

Et l'entreprise devient fertile Avec les Jardins de Gally, la frontière entre l'habitat et le travail s'estompe. Le bureau devient fertile grâce à de grandes colonnes verticales où poussent des salades ou à des i-tables nourricières pour des réunions gourmandes.

Le poulailler en version habitat collectif Le Cocott'arium vise à produire des oeufs mais aussi à recycler les déchets organiques. Un outil classique, qui a toutefois été conçu pour se développer à l'échelle d'un quartier et non d'une famille dans son jardin individuel.

Les jouets se transforment en jardins pour le climat Paule Kingleur, plasticienne, a lancé, pour accompagner la conférence mondiale sur le climat qui aura lieu à Paris en fin d'année, l'idée de détourner des « véhicules jouets » en jardins. Objectif : en présenter 195, soit un par pays qui participera.

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